L’Office Public invite un spécialiste du bilinguisme
·Gilbert Dalgalian animera une conférence à Bayonne mardi
Ces dernières années, l’école détrône la famille en matière de transmission de la langue basque. L’enseignement en basque et du basque a connu un essor sans précédent en dix ans avec un doublement des effectifs. Pourtant les avantages du bilinguisme précoce sont encore mal connus par bon nombre de familles. Pour y remédier, l’Office Public de la Langue Basque, avec l’appui des conseillers pédagogiques des trois filières (public, privé catholique, ikastola) invite le linguiste et scientifique Gilbert Dalgalian.
Ce spécialiste de la question du bilinguisme animera une conférence à Bayonne mardi prochain, 27 mars, à 20h30 à la salle Jacqué de la Chambre de commerce. La réunion publique intitulée "Devenir bilingue à l’école, pourquoi, comment ?" est organisée en direction des parents, futurs parents et spécialistes de la petite enfance.
Le lendemain matin, Gilbert Dalgalian sera encore dans les travées de la CCI pour s’adresser cette fois aux enseignants des trois filières d’enseignement bilingue. A chaque fois, le débat s’instaurera avec les participants.
Gilbert Dalgalian est un spécialiste reconnu, auteur de nombreux ouvrages de référence sur le bilinguisme précoce notamment. Selon lui, l’éducation bilingue précoce présente notamment trois avantages dans la formation de l’enfant. "Il est plus formateur que les mêmes apprentissages menés tardivement, il apporte un bénéfice globalcar il profite aussi à la langue maternelle ou première de l’enfantet il offre davantage de transférabilité qu’une éducation monolingue pour aborder toute nouvelle langue".
"Le bilinguisme précoce n’est pas un problème, c’est une force"
Isabelle CHARRITTON/
Présidente de SeaskaL’école est-elle devenue le lieu principal de
transmission de la langue basque ?
Oui, c’est bien souvent le
lieu où se transmet l’euskara. Mais ce n’est pas suffisant. Il faut une base
sociale, affective... Dans le système immersif, nous essayons de travailler
cela, mais ce n’est pas assez. L’affectivité est surtout vécue dans la famille.
Il faut donc une place pour l’euskara à ce niveau. Les parents doivent motiver
les enfants dans ce sens, raconter des histoires, chanter des chansons, etc. Ils
doivent montrer qu’ils soutiennent la langue basque, ils doivent montrer cette
affectivité. Gilbert Dalgalian explique très bien ce rôle que les parents ont à
remplir.
Le fait d’apprendre dans deux langues à l’école est
parfois considéré comme un frein pour les enfants. Vous affirmez qu’il n’en est
rien...
Beaucoup de parents ont peur parce qu’ils n’ont pas vécu
eux-mêmes le bilinguisme, ils n’osent donc pas le proposer à leurs enfants.
D’autres, qui l’ont ou non vécu, considèrent que c’est une chance à offrir à
leurs enfants. Dans les deux cas cela relève des sentiments. Il est donc bon
d’apporter un peu de rationalité dans le débat.
Car la science
vient au secours du bilinguisme...
Oui. Des études scientifiques
ont été réalisées avec le système d’IRM (Imagerie par résonance magnétique). Les
chercheurs ont étudié comment fonctionne le cerveau des bilingues précoces. Les
études montrent que le cerveau se construit avec les deux langues qui
fonctionnent en synergie. Il traite les deux langues avec la même procédure. On
constate ainsi que quand une langue est utilisée, cela renforce l’autre. Le
bilinguisme n’est donc pas un problème, c’est une force.
Vous
connaissez Gilbert Dalgalian. En quoi sa conférence revêt une importance tant
pour les parents que pour les enseignants ?
Gilbert Dalgalian
apporte le point de vue d’un expert, un point de vue scientifique mais aussi un
point de vue humain car il a une grande expérience en la matière. Il parle en
effet deux langues depuis son enfance de part son origine arménienne. Il sait ce
qu’est être bilingue précoce. S’il parle turc et français depuis tout petit, il
en est aujourd’hui à connaître cinq ou six langues. Il a aussi mené de
nombreuses recherches scientifiques et psycholinguistiques. En France, c’est un
spécialiste reconnu. En plus d’informer les parents, il apporte une base
scientifique et propose des pratiques aux enseignants.
Propos recueillis
par M.L.
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