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Les huit meilleurs bertsulari en finale devant 13000 personnes
·La grande finale du championnat de bertsulari s’ouvre demain à Barakaldo. Un véritable événement qui n’a lieu que tous les quatre ans
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On ne sort jamais indifférent d’une grande finale. Les 13000 spectateurs, nombre jamais atteint, qui assisteront à la grand messe du bertsularisme demain à Barakaldo, pourront en témoigner. La Grande Finale n’a lieu que tous les quatre ans et c’est un événement d’une importance inégalée dans le monde de la culture basque. D’ailleurs, elle se jouera cette année à guichets fermés. Huit improvisateurs en euskara s’aligneront sur les planches du Bilbao Exhibition Center (BEC) (qui remplacera pour la première fois le vélodrome d’Anoeta de St-Sébastien) pour s’affronter à travers huit épreuves bien définies. En fin d’après-midi, les deux bertsulari qui auront cumulé le plus de points auront l’honneur de disputer le dernier tête-à-tête à l’issue duquel sera sacré le nouveau txapeldun.
Directement qualifiés pour la finale, le triple champion en titre, Andoni Egaña et la vice-championne Maialen Lujanbio vont entrer dans le vif du sujet sans avoir pu se mesurer à leurs concurrents auparavant. Pour autant, les concurrents se connaissent bien puisque sept des huit finalistes de demain l’étaient déjà en 2001. Jon Maia, Igor Elortza, Unai Iturriaga, Aitor Mendiluze et Sustrai Colina ont réussi à passer les épreuves éliminatoires avec succès pour décrocher à nouveau le ticket pour la finale. Jexux Mari Irazu a eu moins de réussite, en ratant le coche lors de sa première épreuve des demi-finales à Hendaye, un retard qu’il n’a pas pu rattraper à Zumarraga.
Le nouveau venu de cette finale est donc Amets Arzallus. L’Hendayais a survolé les épreuves éliminatoires en terminant premier avec une avance considérable sur les finalistes de 2001. Le jeune bertsulari de 22 ans sera très attendu à l’occasion de cette finale pour laquelle certains lui prêtent même un statut de favori, au moins pour la place de vice-champion.
Mais il ne faudra pas sous-estimer les autres compétiteurs. On ne voit pas comment le maître Egaña pourrait ne pas atteindre le dernier face-à-face. Le triple champion a l’occasion de gagner un quatrième titre et il ne compte en faire cadeau à personne, "une question de respect". Il pourra ainsi dépasser Manuel Uztapide, le seul bertsulari à avoir lui aussi coiffé trois fois la txapela de 1962 à 1967.
Certains voient volontiers Amets Arzallus devancer Maialen Lujanbio. La joute risque sans doute d’être disputée mais la bertsulari d’Hernani a le potentiel pour retrouver sa place de 2001. Par ailleurs, bien malin qui peut la comparer aux six autres bertsulari puisque Maialen Lujanbio entre directement en finale et qu’elle ne s’est encore mesurée à personne contrairement aux six qui se sont rencontrés en demi-finales.
Il ne faut pas non plus oublier les deux bertsulari de Durango, Igor Elortza et Unai Iturriaga, respectivement quadruple et double champion de Biscaye. Ni Aitor Mendiluze, troisième lors de la finale de 2001, dont les mauvais jours sont plutôt rares. Enfin l’Urruñar Sustrai Colina qui n’a pas toujours brillé en phase éliminatoire aura à c¦ur de mieux faire comme en 2001 où il fut l’une des révélations en terminant cinquième. Tous les quatre ont assuré leur qualification pour la finale mais n’ont pas montré lors des épreuves précédentes le plein de leur potentiel.
Cette finale se jouera une nouvelle fois sans compétiteur navarrais. Par contre, pour la première fois le Pays Basque nord, ou plutôt le Labourd, aura deux représentants. Une situation qui ne peut qu’aider au développement, fortement engagé ces dernières années, du bertsularisme dans les trois provinces. D’ailleurs, trois autobus se rendront à Barakaldo depuis le nord de la Bidasoa, sans compter ceux qui utiliseront leurs propres moyens pour gagner la Biscaye.
L’ambiance dans le chaudron du BEC risque d’être surchauffée. Le championnat 2005 en effet, a été l’objet d’un engouement inégalé de la part du public. Beaucoup de jeunes bertsulari concouraient cette année, et chaque fois, ils déplaçaient avec eux des "fans clubs" survoltés créant des ambiances dignes des plus grandes compétitions sportives. Et bien souvent cela se justifie lorsque l’on se rend compte des prouesses dont font preuve les bertsulari capables de chanter au pied levé sur n’importe quel sujet, suivant des règles techniques bien précises et évaluées, et en créant des émotions allant jusqu’à serrer les gorges des spectateurs à l’image des bertsu d’Andoni Egaña et de Maialen Lujanbio en 2001. Les deux bertsulari avaient été mis dans la peau de celui qui reçoit une lettre envoyée par un ami proche, juste après que celui-ci ait trouvé la mort dans l’Himalaya. Un moment que l’on n’oublie pas.
De tels instants, il y en aura inévitablement demain dès 11h pour les épreuves du matin et dès 16h30 pour celles de l’après-midi. Pour ceux qui n’ont pas pu décrocher de billets, ETB1 retransmettra la finale en intégralité.
"Le premier objectif est de faire partie du dernier tête-à-tête"
Maialen LUJANBIO / Bertsulari, Vice-Championne du Pays
Basque
Maialen Lujanbio, seule représentante féminine de cette
finale et vice-championne du Pays Basque en titre, souhaite faire au moins aussi
bien qu’en 2001. Elle en a le potentiel.
Qu’est-ce que vous avez en tête
en cette veille de finale ?
J’essaie d’imaginer la journée mentalement, de
me préparer physiquement et psychologiquement pour le tourbillon de demain. Je
m’entraîne à l’écrit, je me promène un peu, je vais à la bertsu eskola... Bref
rien de spécial.
Entrer dans ce championnat
directement en finale n’est-ce pas finalement plus un handicap qu’un avantage ?
Difficile à dire. D’un côté c’est un avantage
car on est déjà en finale. Mais c’est vrai que l’on entre un peu à froid dans le
championnat sans s’être mesuré aux autres dans ce contexte. Néanmoins, ce sont
des situations que nous connaissons. En outre, nous savions que ce serait comme
ça et nous n’avons pas d’excuses.
Hormis le lieu, cette finale,
qui compte sept des huit finalistes de 2001, est-elle très différente de la
précédente ?
Nous serons à peu près les mêmes qu’il y a
quatre ans, mais les capacités de création, l’expérience de vie aussi, de chacun
d’entre nous ont évolué. Nous sommes quatre ans plus âgés et en ce qui concerne
les bertsu aussi. Je pense que ce développement sera visible ou audible.
Vu l’engouement et la tension
que semble susciter cette finale, n’est-ce pas finalement celui qui a les nerfs
les plus solides qui risque de s’en sortir le mieux?
C’est vrai que d’un côté cela va jouer. Il ne
suffit pas de chanter des bertsu très beaux ou profonds. Il faudra aussi
maîtriser ses nerfs, rester assez cool et celui qui gardera la tête froide aura
plus de chances d’aller au bout.
Quelle impression vous a laissé
la première phase du championnat ?
Le niveau a été très élevé. Parmi ceux qui ne se
sont pas qualifiés aussi, beaucoup de bertsulari sont restés dans une fourchette
d’une dizaine de points, à deux doigts de passer. Les plus jeunes se sont bien
fait remarquer et je pense que pour la prochaine finale le groupe de huit
pourrait bien évoluer. En tout cas, il y a une belle brochette de bertsulari
capables de chanter de place en place.Comment expliquez-vous le succès
incomparable de ce championnat 2005 ?
C’est vrai que nous sommes nous aussi assez
surpris. La plupart des compétiteurs sont de jeunes bertsulari et ils mobilisent
avec eux un public nombreux de jeunes. Il y a aussi un phénomène de nouveauté
pour certains : parfois quand un bertsulari participe pour la première fois à
une demi-finale, presque tout le village peut se déplacer à cette occasion, même
s’il ne s’agit pas de bertsuzale. En outre, un important effort médiatique a été
fait et ça joue aussi.
Des sept autres finalistes, même
si sans doute aucun ne vous effraie vraiment, du quel pourrait venir le plus
grand danger pour vous enlever la txapela ?
Il n’y en a pas un qui m’effraie en particulier.
D’un jour à l’autre, on peut ou non réussir une épreuve. Il faudra voir qui sera
dans un bon jour, qui aura de la chance, etc.
Le niveau d’Amets Arzallus
durant les éliminatoires vous a-t-il étonné? Peut-on le classer un peu plus haut
que les autres ?
Ni moi, ni mon entourage ne nous sommes étonnés du
niveau qu’il a montré. Nous nous côtoyons chaque semaine sur les places, nous
connaissons son niveau. Nous savions aussi qu’il allait bien se préparer vu
qu’il était resté aux portes de la finale en 2001.
De votre côté, il est
évident que vous ferez tout pour atteindre au moins votre place d’il y a quatre
ans...
Cela se jouera en deux temps. Mon premier objectif
sera évidemment de tout faire pour réussir à faire partie des deux bertsulari
qui disputeront le dernier tête-à-tête. Si j’y arrive, advienne que pourra.
Vous avez visité le BEC. Quelle
impression vous a-t-il laissé sachant qu’il sera comble demain ?
Quand il sera plein, il aura une autre allure.
Quand je l’ai visité, il ne m’a pas fait une telle impression. Il doit contenir
treize mille personnes mais on ne dirait pas que c’est si grand. On croirait que
le vélodrome d’Anoeta est plus grand. Mais enfin, quand on le verra plein, je
crois que l’on aura quand même un peu la pression. En tout cas, il est très
adapté, davantage que le vélodrome je crois.
A part de bien chanter,
qu’attendez-vous de la journée de demain?
J’aimerais laisser un bon souvenir, un bon
bertsu ou un bertsu particulier par exemple. Au minimum. Et puis plus si
possible. Je voudrais laisser l’impression d’une bonne finale au public et
passer une belle journée.
"C´est une compétition, entre amis certes, mais une compétition"
Andoni EGAÑA / Bertsulari, Champion du Pays
Basque
Andoni Egaña, triple champion du Pays Basque, tentera de
s’adjuger une quatrième txapela demain face à la génération qui le suit.
Qu’est-ce que vous avez en tête
en cette veille de finale ?
Je me dis que la journée de demain sera une
belle journée pour moi. C’est ma sixième finale et le seul fait d’être encore
là, avec ces jeunes, suffit à me combler.
Entrer dans ce championnat
directement en finale n’est-ce pas finalement plus un handicap qu’un avantage ?
Je ne sais pas. J’ai pratiqué presque toutes les
formules. J’ai commencé tout à fait en bas, en tant que txapeldun, j’ai aussi
commencé directement en quarts de finale ou en demi-finales, cette fois
directement en finale. De toutes ces expériences, je ne sais quelle fut la
meilleure. De toute façon, maintenant il faut y aller, il n’y a pas d’autres
choix.
Hormis le lieu, cette finale,
qui compte sept des huit finalistes de 2001, est-elle très différente de la
précédente ?
Pour commencer, le public sera plus nombreux. On
attend plus de 12000 personnes. Par ailleurs, même si sept des huit finalistes
sont les mêmes, la génération qui me suit a quatre ans de plus qu’en 2001 et
elle a acquis une grande expérience dans cet intervalle.
Vu l’engouement et la tension
que semble susciter cette finale, n’est-ce pas finalement celui qui a les nerfs
les plus solides qui risque de s’en sortir le mieux?
Je ne crois pas. Nous aurons tous notre part de
nervosité mais nous sommes habitués à y faire face. Certes il est possible que
les nerfs jouent un rôle mais c’est surtout celui qui chante le mieux qui
gagnera.
Quelle impression vous a laissé
la première phase du championnat ?
Une très bonne impression. Ceux qui se sont
qualifiés tout comme ceux qui sont restés à la porte de la finale ont montré un
très bon niveau. Les bertsu sont toujours meilleurs, toujours plus précis, la
technique est de mieux en mieux maîtrisée. Tout cela fait que de plus en plus de
jeunes sont au sommet de la compétition.
Comment expliquez-vous le succès
incomparable de ce championnat 2005 ?
Nous avons réussi un bon travail de
communication depuis l’association Bertsozale Elkartea. Cela a eu pour
conséquence d’attirer plus de gens. Par ailleurs, c’est aussi le fruit de
longues années de travail. Même si je pense que le changement le plus marquant
eut lieu dans le passage de la finale de 1982 à 1986 : d’un fronton, la finale
fut portée au vélodrome d’Anoeta. Et là on passa de 2000 à 8000 spectateurs.
Cette fois, c’est encore plus et on est heureux. Nous avons réussi dans notre
communication à dire sans complexe que nous sommes Basques, que nous organisons
cet événement et que nous invitons tous ceux qui le souhaitent à y participer.
Des sept autres finalistes, même
si sans doute aucun ne vous effraie vraiment, du quel pourrait venir le plus
grand danger pour vous prendre la txapela ?
Il n’y en a pas un ou deux mais sans doute tous
! Alors que d’habitude il y a au plus quatre favoris, cette finale a cette
caractéristique que chaque finaliste a la possibilité de gagner. Et je le dis
car c’est une réalité.
Amets Arzallus a montré de
grandes choses durant les épreuves éliminatoires. Ce niveau vous a-t-il étonné ?
Peut-on le classer un peu plus haut que les autres ?
C’est vrai qu’il a montré un niveau incroyable.
Mais je ne le mettrai pas au-dessus des autres. Maialen Lujanbio ou encore Unai
Iturriaga, Igor Elorza... sont au moins au niveau d’Amets. En outre, c’est sa
première finale, je ne lui mettrai donc pas ce poids sur les épaules. Il est
capable de tout mais je lui enlèverai quand même un peu de pression.
Vous comptez quand même gagner
votre quatrième txapela. Ceux qui la voudront devront se battre jusqu’au bout
pour vous l’enlever ?
Bien sûr. C’est une compétition, entre amis
certes, mais une compétition. Je dois le respect aux spectateurs, à moi-même et
aussi aux sept autres compétiteurs. Si on m’enlève la txapela, j’en serais
heureux.
Vous avez visité le BEC. Quelle
impression vous a-t-il laissé sachant qu’il sera comble demain ?
C’est une grande salle. Nous l’avons vu vide.
C’est un joli lieu. En plus, il se situe à Barakaldo et cela lui donne une
valeur ajoutée idéologique d’après moi. L’euskara est en déclin sur la rive
gauche et organiser cette fête là-bas peut apporter une renaissance.
A part de bien chanter,
qu’attendez-vous de la journée de demain?
Que cela soit une belle journée en général. Que
les huit finalistes montrent un bon niveau de bertsu. Que je sois en mesure de
passer le relais et de rentrer chez moi tranquille.
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