N ous sommes six familles du Pays Basque à avoir pris part en tant que familles d’accueil à l’opération de sauvetage d’enfants du Darfour. Face aux mensonges douloureux qui sont en train de sortir dans les médias autour de cette opération, nous voulons exposer les événements tels qu’ils se sont produits.
"L’Arche de Zoé" est une petite organisation non gouvernementale née à l’époque du tsunami. Depuis le début, les membres sont tous des bénévoles et leur objectif est de sauver des enfants. En voyant la situation lamentable des enfants dans la guerre cruelle au Darfour et face à l’impossibilité de les soigner sur place pour l’instant, on a voulu mener à bien une opération afin de sortir de là les enfants orphelins et les mettre à l’abri au sein de familles d’accueil en France. Bien que l’opération n’eût pas été autorisée par le gouvernement Soudanais et ne fût pas sous la protection de l’état français, elle reposait sur le cadre légal international, en accord avec la déclaration universelle des droits de l’homme et avec la convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant. Ce n’est en aucun cas une opération d’adoption mais une tentative de sauvetage. Une association appelée COFOD a été fondée par les familles d’accueil.
Nous sommes très en colère de voir de quelle manière cette affaire a été salie, comment une opération humanitaire a été présentée comme un trafic d’enfants et comment ce qu’on pouvait saluer comme une opération courageuse et militante a été montrée comme un réseau crapuleux d’adoption. Nous n’avons pas acheté d’enfant. Nous ne nous sentons pas trompés. Nous avons participé par nos dons d’argent aux coûts médicaux du campement et aux frais d’évacuation.
Cette opération avait deux objectifs: sauver la vie des enfants orphelins du Darfour et mettre cette guerre cruelle sur le devant de la scène politique internationale en mettant en évidence la complicité des gouvernements et aussi les contraindre à agir.
Depuis le début (juin 2007), nous savions que cette opération présentait des risques importants et que le gouvernement soudanais sortirait on ne sait quelle dénonciation mensongère pour salir cette opération. Mais trois éléments nous ont surpris et mis en colère dans cette opération annulée :
- l’hypocrisie du gouvernement français qui était au courant de l’opération depuis le mois d’avril, puisque les organisateurs avaient été reçus au ministère des Affaires étrangères (alors pourquoi n’ont-ils pas stoppé l’opération à ce moment-là ? ) ;
- la complicité des médias qui donnent du crédit aux versions officielles des gouvernements et ne font que tomber dans le vulgaire sensationnel en publiant des formules telles que "trafic d’enfants" ou "adoption bon marché" ;
- enfin, les piètres réactions de certaines organisations "humanitaires" telles que l’Unicef qui, pour cacher leur inefficacité, salissent des actions courageuses menées par d’autres, mettant ainsi en évidence leur servilité vis-à-vis des gouvernements ("ils ne sont pas du Darfour", "ils ne sont pas orphelins...").
Nous voulons montrer notre entier soutien à l’équipe de l’Arche de Zoé emprisonnée: aux pompiers, médecins et assistant bénévoles, que nous connaissons personnellement. Souhaitons qu’ils soient libérés le plus rapidement possible et que les enfants soient à nouveau soignés comme ils l’avaient été les semaines précédentes.