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Le JPB > L'opinion > La parole à 2005-12-16
Dominika DAGUERRE / LAB
Mondialisationet immigration

Ou comment la mondialisation au service des pays riches et l’émigration des pays pauvres vers les pays riches sont intrinsèquement liées, deux aspects d’une même logique économique.

Vu à la télévision, la semaine dernière, un reportage sur la production du coton au Mali qui est la seule source de revenus pour un habitant sur quatre. Cultivé en famille, avec des méthodes traditionnelles, à la main, sur des petites surfaces d’une moyenne de trois hectares, la productivité du coton est faible et avec une seule récolte par an, les paysans doivent faire vivre la famille toute l’année. Ils doivent par ailleurs souvent assurer eux-mêmes la construction des infrastructures villageoises nécessaires : école, centre de soins, maternité ou, comme le montrait le reportage, la construction d’un logement en dur pour l’instituteur venu d’une autre région.

Or, cette année (en 2005), les prix du coton ont baissé de 30 % sur le marché mondial et la Banque mondiale a de ce fait sommé l’Etat malien d’appliquer cette baisse, menaçant dans le cas contraire de supprimer les prêts qu’elle lui accorde. Le coton produit par les petits paysans maliens est en effet ramassé et commercialisé par une entreprise semi-publique et presque totalement revendu sur le marché mondial. Il est ensuite transformé dans d’autres pays du Sud.

La baisse de 30 % a donc été répercutée sur les déjà maigres revenus des petits paysans maliens. Beaucoup d’entre eux ont été ainsi privés de leurs seules ressources de l’année et de plus certains sont endettés du fait de micro-crédits qui leur avaient permis d’acheter engrais et autres produits nécessaires à la production et qu’ils ont été dans l’impossibilité de rembourser. La baisse des revenus des producteurs de coton a également eu des conséquences dramatiques sur d’autres secteurs économiques.

La baisse des prix du coton est le résultat de la politique de libre-échange au c¦ur de la mondialisation économique. Le mécanisme est simple : il y a actuellement surproduction de coton au niveau mondial, essentiellement parce que les pays riches, les Etats-Unis en tête, produisent trop et que les (gros) producteurs de ces pays sont subventionnés de manière à garantir leurs revenus et les protéger des fluctuations des prix. L’Etat états-unien compense ainsi le prix du marché mondial (très bas) en rachetant le coton à ses producteurs à des prix beaucoup plus élevés que ceux du marché et revend donc à (très grosse) perte. Ce coton en quantité excédentaire par rapport à la demande fait baisser les prix et ruine ainsi les petits producteurs maliens... auxquels ils ne restent souvent qu’une solution: l’émigration vers l’Europe...

Cette politique, dont sont responsables les Etats des pays riches, est relayée et organisée par des organisations internationales comme l’OMC (Organisation mondiale du commerce), dominées par ces mêmes pays riches. Le coton n’est qu’un exemple et la même chose se produit pour toutes les matières premières agricoles ou industrielles souvent l’unique source de revenus des pays appelés pudiquement "en développement" mais qu’en fait les pays riches empêchent de se développer en leur imposant une logique économique qu’eux-mêmes ne respectent pas et dont eux seuls profitent. L’émigration est ainsi rendue inévitable, une question de survie pour les immigré(e)s eux-mêmes mais aussi pour leur famille et pour des villages entiers qui vivent en grande partie grâce à l’argent envoyé (en moyenne 1/3 des revenus des travailleurs-es immigré(e)s). L’immigration est ainsi directement provoquée par les pays riches qui pourtant la dénoncent, la stigmatisent et essaient par tous les moyens de la stopper ou de la contrôler, en fixant des quotas et/ou en choisissant, pour un temps limité, les travailleur-ses dont ils ont besoin, se gardant la liberté de les expulser quand la conjoncture change...


 
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